Discours du 14 février sur la Place de la Navigation à Ouchy
Chères Terriennes et chers Terriens, chères citoyennes et chers citoyens,
Je m’appelle Micaël Metry. Les terres vaudoises m’ont vu naître, grandir, devenir papa, et maintenant me présenter au Conseil d’État de notre canton, avec la liste AGISSONS POUR LA VIE. Je suis né en 1987, il y a 34 ans. Durant ma vie, il y a eu plus d’émissions de CO2 et plus de destructions écologiques que durant toute l’histoire de l’humanité. Le taux d’extinction est mille fois plus élevé aujourd’hui qu’avant la révolution industrielle. Deux cents espèces végétales et animales disparaissent chaque jour. On ne les reverra plus jamais. Et comme nous dépendons d’elles, nous aussi sommes en danger. La vie sur Terre disparaît lentement. Le climat aussi est en train de se réchauffer dangereusement. « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs », disait Jacques Chirac en 2002. Le coronavirus semble nous laisser un peu de répit et les bilans sur la pandémie et la gestion de la crise se font. Mais voyons-nous les causes de ce qui nous a secoué pendant deux ans ? Allons-nous continuer dans cette même direction suicidaire ?
Ma candidature est un cri du cœur, un appel à la conscience et à l’action collectives. Je veux pouvoir regarder ma fille dans les yeux et lui dire que j’ai tout essayé pour lui offrir un monde vivable, même me présenter au Conseil d’État. Je vais être honnête avec vous : j’ai peur. Je suis désespéré et j’agis pour ne pas devenir fou face à l’inaction politique. Je me suis beaucoup engagé, pour le Réseau des villes en Transition, en facilitant des assemblées pour le climat au niveau national et international ou des réunions avec des professionnels de la santé. Oui, j’ai même utilisé mon droit légitime d’expression en participant diverses manifestations. Mon objectif a toujours été le même : alerter sur les conséquences mortelles de notre inaction politique, en apportant de la lucidité sur la réalité écologique. Or, la justice semble s’acharner – désolé, je n’ai pas d’autre mot – sur les lanceuses et lanceurs d’alerte, des citoyennes et citoyens comme moi. Une part de la société nous dit d’arrêter de manifester et d’utiliser les outils démocratiques, alors oui, c’est ce que nous faisons. Mais que ce soit dans la rue ou dans une candidature au Conseil d’État, le but reste le même : alerter et agir. Tout ce que nous disons, c’est qu’il y a le feu et que nous devons agir urgemment et collectivement à partir de là. Nous voulons avertir les pompiers du feu qui brûle dans notre maison commune. Mais les pompiers ne bougeront pas si personne ne sonne l’alarme. Il y a surtout urgence à regarder la réalité en face, à nous remettre en question et à agir en conséquence. Rien n’est fait à la hauteur de ce qui devrait l’être. La plupart des programmes politiques apparaissent comme des rénovations dans une maison en train de brûler. Je pense que les élus actuels, comme la plupart d’entre nous, n’arrivent tout simplement pas à réaliser l’urgence et la gravité de la situation. Pourtant, il n’y aura pas de justes mesures sans une compréhension profonde de l’état de la planète.
Oui j’ai peur, mais mon engagement et mon amour pour la vie sont plus grands encore. Si je suis là aujourd’hui, c’est parce que ma pulsion de vie est plus forte que mon désespoir. Qui, dans la population vaudoise, a peur de la catastrophe écologique ? Qui a envie de vivre et exige que nous agissions maintenant ? Qui ne retrouve pas tout cela dans la politique actuelle ? Moi, je veux bien écouter et donner une voix à cette large part de la population en m’engageant politiquement. Je suis un citoyen ordinaire et je veux porter la voix des Vaudoises et Vaudois qui partagent les mêmes préoccupations que moi, et qui attendent des actions politiques fortes et urgentes. J’invite la population à faire son coming-out écologique et à voter pour la liste AGISSONS POUR LA VIE.
Le programme politique que je propose, loin des programmes partisans et clivants, consiste à construire un projet de société collectivement et démocratiquement par la mise en place d’une démocratie participative comme les assemblées citoyennes ou la Convention Citoyenne pour le Climat, afin d’embarquer toute la population vers une destination plus agréable et plus résiliente. En impliquant un grand nombre de citoyennes et citoyens, les collectivités et les entreprises dans des démarches participatives, cela favorisera l’émergence de solutions acceptables que tout le monde pourra accepter et suivre. Par ailleurs, une partie importante de ces assemblées réside dans la formation de la population et des élus par des experts scientifiques sur les dangers vitaux que représente la crise écologique, et sur les solutions possibles et réalisables dans les limites planétaires existantes. Je n’impose donc pas de programme préétabli, car pour moi, cela doit se construire conjointement avec toute la population. Nous devons nous unir face aux catastrophes actuelles et à venir.
J’ai la chance d’avoir une équipe de campagne avec qui nous réfléchissons et travaillons à la mise en place des événements publics de ces 5 prochaines semaines. Rejoignez-nous ! Plus nous serons, meilleur ce sera. Vous pourrez donner votre contact à Valentine ici présente. La campagne démarre officiellement aujourd’hui, 14 février, premier jour du processus de validation du deuxième volet du sixième rapport du GIEC. Nous avons invité la Terre qui a bien voulu participer, malgré ses problèmes de santé. Tout à l’heure, je me promènerai avec la Terre, et peut-être avec vous, jusqu’au Château de Lausanne, où la Terre et moi-même siégerons d’ici quelques mois… ou pas. Demain, nous serons à Echallens, mercredi à Morges, jeudi à Vevey, vendredi à Nyon, et ainsi de suite dans les chefs-lieux du canton jusqu’au 25 février, dernier jour du processus de validation du rapport du GIEC, à Cully. Chaque journée de ces deux prochaines semaines, nous nous promènerons avec la Terre, pour que toutes les Vaudoises et tous les Vaudois qui le souhaitent puissent rencontrer cette planète dont la vie est si merveilleuse et si fragile, et faire ma connaissance. Elles et ils pourront pousser la Terre, lui faire des câlins ou se prendre en photo avec elle. Chaque étape sera l’occasion d’échanger sur notre projet de société commun ou sur nos préoccupations. Les étapes de mon tour du canton avec la Terre sont indiquées sur www.micaelmetry.ch. Dans deux semaines exactement, le 28 février donc, nous nous retrouverons à la Place de la Riponne pour mettre en scène la sortie du rapport du GIEC de manière spectaculaire. De plus, nous ouvrirons un espace de discussions avec vous pour laisser de la place à l’écoanxiété et aux autres émotions, naturelles et justifiées, vu la situation que nous vivons. Pendant les 3 semaines restantes avant les élections, nous nous rendrons avec la Terre dans des villages, des plus petites communes du canton, pour rencontrer la population préoccupée et qui exige des réponses politiques fortes et urgentes.
Le 14 février, c’est aussi la Saint-Valentin. Comme je l’ai dit plus tôt, mon amour pour la vie est plus fort que tout le reste. C’est pour cela que je m’engage en politique et c’est pour cela que j’aimerais déclarer ma flamme à la Terre :
Chère Terre,
Il est grand temps que je te dise à quel point je t’aime ! Toutes les beautés que tu abrites sur tous les continents et dans les océans m’émerveillent depuis toujours. Oui, depuis que je suis enfant, j’ai exploré tes reliefs montagneux, tes forêts tempérées, tes lacs d’émeraude, tes déserts sableux, tes jungles tropicales, tes sommets enneigés. J’y ai aussi vu toute la vie que tu permets : des séquoias géants, des orchidées sauvages, des baleines, des dauphins, des grizzlis, des quetzals, des bouquetins, des renards, des lynx… J’ai eu la chance de voir tout cela de mes yeux, de goûter les saveurs délicieuses de tes nourritures terrestres, de m’extasier de toute cette beauté colorée, vibrante, puissante. À mon regret, j’ai parfois pris l’avion pour mieux t’explorer. Mais je t’ai aussi parcourue à pied ou à vélo, en Suisse par exemple, pour une marche de deux mois sur les sentiers alpins. Tu es magnifique partout, et le plus proche est parfois le mieux.
En fait, tu étais magnifique il y a surtout quelques millénaires, avant de tomber malade. Oui, tout a commencé lorsque tu as créé une espèce capable de t’admirer, de s’émerveiller de ta beauté. N’était-ce pas cela ton projet ? Dans notre histoire, d’innombrables humains se sont connectés à cette nature sauvage. Mais notre dissémination sur Terre a commencé à perturber les équilibres que tu as mis plusieurs millions d’années à trouver. La pression sur les écosystèmes de la part de nos villes était déjà forte. Tout s’est accéléré il y a quelques siècles, lorsque le déracinement s’est accentué chez les humains, jusqu’à ce qu’ils deviennent des êtres hors sol. Puis il y a eu la révolution industrielle, une époque noire où cette déconnexion a permis l’extraction de ressources fossiles accumulées pendant des millions d’années sous ta surface. Aujourd’hui, tu tousses fort. Ton système immunitaire provoque des événements qui nous surprennent et nous font peur. Évidemment, toi tu nous survivras. La vie reprendra son cours comme elle l’a fait au cours des cinq dernières extinctions. Mais tu pleures à travers nous, car ce n’était pas ton projet. Oui, tu aimerais tant que nous entendions les échos de tes pleurs et réagissions au plus vite.
Heureusement, l’humanité est en train de s’éveiller. Dans mes engagements pour la vie, j’ai rencontré beaucoup de personnes sensibles à tes merveilles et prêtes à participer à ta guérison. La conscience écologique, la conscience que tout est lié et que tout est limité sur Terre, se propage à travers tous les continents. Chaque jour, de nouvelles personnes se réveillent et s’activent, car chaque jour la situation est plus grave et plus urgente. Ces actions se traduisent de mille manières différentes. L’une d’elles est d’aller au conseil d’État du canton de Vaud pour présenter ta voix ainsi que la voix de celles et ceux qui s’inquiètent pour toi. Je le fais en in-Terre-dépendance. Tous les humains qui participent à ta guérison le font en étant liés, et par amour pour la vie que tu as permis. Je te promets de m’engager, avec l’élan de mon cœur, pour que bientôt, nous puissions nous émerveiller de toutes tes splendeurs, sans rien désirer de plus.
Avec tout mon amour et ma dévotion envers toi, la Terre,
Micaël